Allemagne

Le vendredi 12 août Free Vikings est sorti de l’eau pour remplacer l’arbre d’hélice tordu et nous débarquons pour le week-end.  Comme nous ne pouvons pas faire avancer notre problème, nous décidons de faire un peu de tourisme. Après plus d’une heure de transport, un changement de bus nous arrivons à notre hôtel dans la grande banlieue de Kiel. Cet hôtel est probablement un lieu utilisé pour des séminaires en tout genre, il est très éloigné du centre-ville un peu touristique. Nous trouvons heureusement un sympathique restaurant ouvert tout près, et nous pouvons diner sous la fraicheur des arbres, en cette chaude soirée d’été. Nous prenons le bus pour nous rendre au centre-ville animé de Kiel. Toute la vie de la ville se regroupe autour du port : terminal de ferrys, de bateaux de croisière et lieu de passage des cargos qui empruntent le NOK (Nord-Ostsee-Kanal ou Canal de Kiel). La couleur rouge domine dans cette ville toute de briques. Nous déambulons entre les nombreux espaces verts et les larges avenues, les rues piétonnes où les habitants font leur shoping en ce samedi. La foule se presse au terminal des ferrys qui desservent les diverses localités de la rade de Kiel. Un petit pont piéton enjambe le port pour relier la rive droite où on trouve une jolie darse abritant de vieux gréements.

Le dimanche nous partons à la recherche d’une station de location de vélo, mais impossible de faire fonctionner l’application ! Nous repartons donc en bus et à pied vers le canal et ses premières écluses. Nous arrivons vers midi un peu fatigués par la chaleur et les nombreux kilomètres parcourus et là, au moment de s’installer tranquillement au restaurant au bord de l’eau, autre tuile ! Philippe se rend compte qu’il a perdu sa pochette avec ses papiers, carte de crédit etc… Retour à l’hôtel en bus pour moi, à pied pour Philippe pour refaire le même chemin en sens inverse ! La soirée est morose, d’autant plus que notre petit restaurant est fermé ce soir !

Le lendemain il faut faire toutes les démarches avant de retrouver Free Vikings. Le démontage de l’arbre se révèle plus ardu que prévu, tout est évidement bien soudé après plusieurs années dans l’eau et l’arbre ne se sort que de l’intérieur, il faut donc soulever le moteur ! Une journée encore chaude et laborieuse et toujours dans l’attente ! Vous connaissez ma patience ! Heureusement l’équipe du chantier nous aide bien, ils nous trouvent une chambre pour les deux prochaines nuits à Laboe dans un charmant hôtel près de la plage, d’où nous admirons de beaux couchers de soleil. Nous louons des vélos à un couple de personnes âgées qui ont installé un hangar dans leur jardin et louent aux vacanciers. Ils sont charmants, nous correspondons par gestes et grâce à Google traduction car ils parlent très peu anglais et nos notions d’allemand sont bien lointaines, mais c’est sympa !

Le mardi la situation se débloque un peu, le poste de police nous appelle, la pochette a été retrouvée et l’arbre d’hélice est extrait et commandé. Philippe fignole les préparatifs pour le remontage et nous pouvons les deux jours suivants, jouer un peu aux vacanciers. Balades en vélo, baignades dans la « Kiel bucht » ou baie de Kiel, soit l’extrémité Ouest de la Baltique. L’eau est bonne, il fait chaud et comme il n’y a pas de fond, ça chauffe vite. Dirk obtient l’aval de son patron pour que nous restions à bord, c’est certes moins confortable qu’à l’hôtel mais nettement plus pratique… et économique. Ces deux jours d’attente nous paressent tout de même long ! Laboe est une agréable station balnéaire, mais on en a vite fait le tour. Une belle plage longe le front de mer, avec les typiques petites cahutes en osier pour s’abriter du vent, mais elle est payante. Nous essayons tous les restaurants de la station, poissons frits, harengs à toutes les sauces, et heureusement un restaurant italien.

Le vendredi l’arbre d’hélice est enfin livré, les ouvriers du chantier nous font les rectifications nécessaire (mise à la longueur etc…) juste avant la fermeture hebdomadaire, et Philippe s’attaque au remontage. Il a tout le weekend pour fignoler son alignement. Le lundi nous sommes remis à l’eau de bonne heure le matin et… tout tourne rond ! Nous avons la matinée pour remonter les pataras (les étais qui tiennent la mat à l’arrière) qui avaient dû être défaits pour le grutage, régler notre facture, remercier l‘équipe du chantier et enfin larguer les amarres ! Ouf !

Nous récupérons nos amis Isabelle et Henri à Holtenhau, le quartier de Kiel qui se trouve au niveau des écluses du canal. Il s’y trouve un ponton d’attente pour le NOK sous les arbres. On peut et on doit y payer le droit de passage pour le canal à une caisse automatique. Montant bien modique (18 euros pour un bateau de 12 m).

Nous échangeons des informations sur le fonctionnement des écluses avec nos voisins de pontons ; apparemment il faut être sur le qui-vive dès 7 heures du matin. Et effectivement à 7 h15 nous voyons les bateaux quitter le ponton pour se présenter à l’entrée de l’écluse. Branlebas de combat sur le Free Vikings ! Nous les rejoignons vite fait ! Une fois un cargo entré et amarré dans le sas, les embarcations de plaisance sont invitées à se présenter et tous les bateaux très disciplinés (nous sommes en Allemagne !) se rangent les uns derrières les autres aux pontons flottant prévus à cet effet dans le bassin de l’écluse. La différence de niveau est minime et nous voilà partis pour les 57 milles de navigation fluviale. Le paysage champêtre nous ravit, nous nous attendions à un site plus industriel. Nous nous relayons à la barre, il faut rester bien à droite pour laisser passer les énormes cargos et portes containers qui nous croisent ou nous doublent, et faire attention aux nombreux bacs qui traversent le canal, mais ils sont plutôt cools, ils nous laissent souvent passer.

Nous nous arrêtons pour le soir dans une des quelques haltes prévues pour les plaisanciers au km 21 (la distance est mesurée depuis Brunsbüttel). Nous nous amarrons entre les piquets dans la petite anse où une plage est aménagée pour un camping, nous nous baignons dans une eau un peu limoneuse mais claire et bonne. Nous passons une belle soirée dans un cadre bien bucolique. Dans la soirée nous assistons à un drôle de ballet de cargos qui s’arrêtent, repartent, se croisent ; il y a affluence sur le canal ! S’arrête-t-ils sur les rangées de duc d’Albe placés par endroits pour désengorger les écluses ? Le trafic ne s’arrête pas la nuit sur ce canal.

Le lendemain notre départ est moins matinal, nous avons le temps, il nous reste 12 milles à parcourir, une écluse à passer et nous ne devons pas nous présenter dans l’embouchure de l’Elbe à Brunsbüttel avant midi, heure de début du courant avalant. Le courant est très fort dans les deltas et il vaut mieux l’avoir avec soi. L’éclusage de sortie se passe sans problème, nous n’attendons qu’un quart d’heure qu’on nous invite à entrer dans le sas. Nous voici de retour dans une vraie mer avec des marées, des courants et des vagues ! Nous arrivons dans l’après-midi à Cuxhaven.

Cuxhaven est une petite station balnéaire allemande à l’embouchure de l’Elbe avec un plage qui se transforme en vasière à marée basse, à la grande joie des petits garçons qui se roulent dans la boue. Tant pis, la baignade espérée se transforme en marche dans la vase ! Les cahutes en osier ravissent Isabelle qui en mettrait bien une dans sa valise !

Nous repartons dès le lendemain. Nos amis ont pris leur billet d‘avion de retour depuis Amsterdam et il ne faut pas trainer en route si nous voulons y arriver. Une belle navigation au portant, tantôt sous gennaker, tantôt voiles en ciseaux nous amène à Norderney, une des îles de la Frise allemande. Nous y retrouvons Colette et Rémi sur le Strana, des voisins du Pays de Gex qui naviguent sur un bateau en aluminium construit par leurs soins. Nous passons une agréable soirée avec eux. Merci les Gessiens d’avoir faits 70 milles en tirant des bords pour cette soirée !

Le 26 août nous voilà repartis vers l’ouest, mais la météo, jusqu’alors assez favorable, et qui faisait espérer de bien avancer, s’est un peu modifiée. Le vent n’est plus Nord-Est mais Nord-Nord-Ouest et il forcit un peu. Nous nous retrouvons donc au près bon plein, avec des rafales à plus de 20 nœuds, dans une mer qui nous secoue un peu, et qui a raison des estomacs d’Isabelle et Philippe. Nous décidons donc de nous arrêter à Borkum la dernière des iles de la Frise allemande. Les ports se trouvent sur la rive Sud de ces îles à l’abri de la mer, et il faut rentrer dans les bras de mer qui les séparent, dans lequel il y a de forts courants de marée. Les horaires de marée ne nous sont pas favorables, nous devons à chaque entrée ou sortie, lutter contre le courant et c’est un peu pénible ! Ces iles allemandes ne sont pas très jolies. Certes se sont de belles plages de sable avec des dunes à pertes de vue, mais gâchées par des constructions très laides, des hôtels sans styles, des constructions bizarres, des phares marrons, des champs d’éoliennes. Borkum remporte le prix du port le plus laid que nous ayons vus ces derniers temps. C’est dommage une partie de l’île est une réserve naturelle abritant entre autres espèces, des phoques. Effectivement nous apercevons quelques fois des têtes noires dans l’eau.

La météo ne s’arrange pas le lendemain vendredi, nous décidons donc de rentrer dans l’embouchure de l’Eems vers Delfzijl où on trouve un canal qui permet de rejoindre l’Isselmer et donc Amsterdam. L’Eems matérialise la frontière entre l’Allemagne et les Pays-Bas. Nous calculons bien notre heure de départ pour profiter du courant et remontons la rivière sous génois. Le cadre est très industriel, nous croisons une centrale électrique. Le chenal qui conduit à Delfzijk est bordé d’un côté d’une ligne d’éolienne et de l’autre d’usines chimiques. Au fond se trouve une marina et des écluses d’accès aux canaux

Delfzijk est une ville sans grand cachet avec néanmoins des canaux qui lui donnent un caractère très néerlandais. Mauvaise nouvelle, le pont sur lequel passe une autoroute juste avant d’arriver à Groningue, est en panne. Impossible de rejoindre cette ville où nous comptions nous arrêter, d’où un bus direct part pour l’aéroport d‘Amsterdam. Nous passons une soirée et une matinée avec l’aide d’un plaisancier néerlandais qui se trouve devant le même problème que nous à étudier la question sans y trouver de solution. Entre les grèves de train prévues dès lundi, l’arrêt du trafic sur le canal le dimanche, pas moyen de rejoindre Groningue à temps !

Henri et Isabelle débarquent donc dimanche 28 août pour rejoindre Amsterdam en train, et s’assurer de bien prendre leur vol de retour. Nous sommes bien tristes de les quitter si vite. Merci les amis de ces bons moments avec vous, trop courts, et d’avoir fait l’effort de venir nous voir malgré tout, ce n’est que partie remise ! Nous repartons l’après-midi même avec le courant et contre le vent, pour remonter les 25 milles de l’embouchure de l’Eems et nous arrêter à nouveau à Borkum, afin d’être proches de la sortie pour repartir par la mer vers l’Ouest…