Ecosse – Glasgow et Islay

Le 2 juin nous quittons l’ile de Man pour notre première escale écossaise. Le vent n’est pas au rendez-vous nous rejoignons une petite baie situe à l’entrée du « Firth of Solway », Withorn. L’anse est étroite et il n’y pas trop de place pour mouiller car il faut éviter de rester dans l’alignement d’entrée au cas où un bateau rentre cette nuit. Nous ne verrons pas un seul bateau circuler le temps de notre passage !

Il fait froid et humide. Le vent se lève dans la nuit nous obligeant, sous la pluie bien sûr, à remouiller l’ancre car nous avons légèrement dérapé. Bref une mauvaise nuit ! Heureusement, le lendemain matin, l’heure de départ tardive nous permet de nous reposer, avant de nous diriger vers le « Mull of Galloway » qu’il faut passer avec le courant favorable.

The Mull of Galloway

Le passage entre l’Irlande du Nord et le sud de l’Ecosse, le « North Channel » marque la sortie de la mer d’Irlande, il est relativement étroit (environ 30 kilomètres), la marée qui emplit et vide la baie de Liverpool y génère des courants de marée, qu’on ne peut pas négliger. Ces courants modérés au centre du canal, 2 nœuds, atteignent jusqu’à 5 nœuds au niveau des caps. Les navigateurs bretons connaissent bien ces phénomènes et savent se méfier des zones de remous et des mers parfois dangereuses qui se lèvent par mauvais temps ou quand le vent est contraire au courant. Depuis que nous avons gagné la mer d’Irlande nous négocions nos passages de caps et nos traversées avec les courants, comme en Bretagne.

Après quelques tentatives pour envoyer les voiles, nous nous décidons à mettre le moteur, le vent n’est pas assez soutenu pour nous pousser suffisamment. Nous voulons profiter au maximum du courant et ne pas avoir à subir la renverse, nous avons 50 milles à parcourir. Nous mouillons dans la soirée dans un charmante petite baie à l’entrée du Loch Ryan. Nous ne sommes perturbés que par le passage du dernier Ferry qui assure une liaison avec Belfast, et nous passons une bonne nuit au calme pour récupérer de la nuit précédente. Le coucher de soleil est magnifique !

Le lendemain le vent est enfin au rendez-vous, enfin il est là, mais dans le nez ! Comme nous avons le courant favorable, qu’il fait beau et que nous en avons assez du moteur, nous voici partis à tirer de larges bords pour entrer dans la « Firth of Clyde » et rejoindre la marina de Troon. Une île en forme de diamant « Aila Graig » garde l’entré de cette large baie qui se termine à Glasgow, bien en amont en remontant la rivière Clyde. C’est une belle journée ensoleillée et pour une fois nous ne souffrons pas du froid. Nous voici vraiment en Ecosse, le drapeau celte flotte sur Free Vikings.

La marina de Troon est spacieuse, moderne, très bien équipée et on y est très bien accueilli. La petite ville résidentielle est coquette, les maisons de pierre grise sont égayées par de jolis jardinets entourés de murs de pierres. La ville est protégée des tempêtes d’hivers par une large digue recouverte de pelouse où les citadins se promènent le week-end. Une belle plage longe la ville qui s’étire en longueur et elle est assez fréquentée ce dimanche ; il y a même quelques fous qui se baignent, mais ils ont l’habitude ici !

Une ligne de train relie la ville à Glasgow en une cinquantaine de minutes. Nous en profitons donc pour aller y passer une journée.

La ville de Glasgow nous laisse une impression mitigée. L’architecture y est austère ; mais est-ce à cause des couleurs sombre brunes ou noires, heureusement parfois réhaussée de rouge brique. Certains bâtiments sont magnifiques comme la gare « Central Station », d’autres sont impressionnants dans un style bien à eux. Certains sont affreux sombres et délabrés, et d’autres ultra modernes comme dans le quartier universitaire. Nous visitons la cathédrale …. Majestueuse mais toute noire, près de « Necropolis » le « Père Lachaise » local, îlot de verdure dans la ville. Le centre de la ville est très animé et vivant : « Bucannan Street » voie piétonne, abrite toutes les enseignes que l’on trouve dans toutes les villes occidentales, en plus des particularités locales, des jeunes gens y mettent de l’animation en y jouant de la cornemuse ou en faisant tourner des boites à musiques. Le bord de la rivière Clyde est aménagé pour les piétons mais il y manque un peu de verdure. Nous finissons notre balade dans un pub comme il se doit, le « Horse Shoe » qui se vante de posséder le plus long bar du Royaume-Uni en forme de fer à cheval.

Nous rentrons le soir épuisé par l’animation de la grande ville dont nous sommes si éloignés en mer. La journée se termine au restaurant de la marina pour fêter le départ de Daniel qui reprend l’avion demain matin, pour retrouver sa Pénélope.

Un grand merci à Daniel, notre précieux équipier qui nous a bien aidé dans cette première partie de voyage qui tenait un peu du convoyage. Nous apprécions toujours autant de pouvoir compter sur toi.

Le 7 juin nous voilà donc repartis tous les deux. Nous traversons simplement la baie pour nous rendre à l’île d’Arran, majestueuse ile au centre du « Firth of Clyde ». Sur son côté Est un petit creux dans le rivage, partiellement fermé par une île, abrite Lamlash. On s’y amarre sur des mouillages visiteurs gérés par le petit Ferry local, le principal se situant un peu plus au Nord de l’île. La journée est magnifique pour une belle balade le long de cette belle baie. Il fait chaud nous avons ôté tous les pulls. Des phoques apparaissent par moment sur le rivage et replongent assez vite, je ne peux résister à une petite baignade, un peu fraiche tout de même !

Mais ça ne dure pas, la nuit le vent se lève rendant le mouillage très remuant et c’est sans regret que nous quittons le matin sous les averses ce qui fut un si charmant mouillage. Nous passons au Sud de l’ile pour rejoindre Campbeltown. La large baie offre un bel abri et nous y passons une bonne nuit au mouillage pour repartir le lendemain très tôt, courants de marée obligent, pour contourner le « Mull of Kintyre » et remonter vers le Nord pour rejoindre l’île Islay. Il ne faut pas traîner car le mauvais temps arrive. Dans la même traversée de moins de 7 heures, nous prenons un ris, le relâchons car le vent tombe, mettons le moteur, admirons les dauphins, renvoyons les voiles, reprenons un ris et arrivons avec des rafales à 25 nœuds à la petite marina de Port Ellen au Sud d’Islay.

Le petit port abrite une très petite marina, composée de trois petits pontons, créée par des habitants et gérée sous forme associative. Il n’y a pratiquement personne au bureau qui reste ouvert la journée. Vous y trouvez trois douches, des toilettes, une machine à laver et une boite à lettre où vous devez déposer votre dû pour votre séjour dans des enveloppes. Il n’empêche qu’un des administrateurs viendra s’assurer que nous n’avons besoin de rien et nous informer des services disponibles ! Un bien sympathique endroit. Heureusement, car nous y restons bloqués plusieurs jours par le mauvais temps.

Le petit village s’étend autour de la petite baie. Les maisons sont modestes et coquettes, blanches ou en pierres sombres, les fenêtres égayées de couleurs. Islay abrite un nombre important de distilleries. Un chemin piéton part de Port Ellen et permet d’en visiter trois à la suite.

Le lendemain de notre arrivée, le soleil brillant encore, nous partons à pied pour une visite des distilleries. Nous marchons une bonne heure pour rejoindre la distillerie Lagavullin, où nous nous offrons une dégustation de whiskies. Finalement ce n’est pas plus mal que d’aller visiter des chaudières et des tuyaux. La dégustation se termine par un délicieux 25 ans d’âge mais le prix nous arrête très vite (dans les 2000£ la bouteille !) Nous achèterons une bouteille qui sur le coup, comparativement, ne nous a pas paru très chère, mais que nous n’aurions peut-être pas achetée dans d’autres conditions… Une chère journée pour notre budget ! Nous repartons vers Port Ellen en faisant un arrêt à la distillerie de Laphroaig où nous allégeons encore notre porte-monnaie… Ces distilleries sont implantées depuis la fin du 19eme siècle en bordure de mer, au fond de charmantes petites baies. Certaines sont même équipées de mouillages visiteurs qui permettent par beau temps d’aller s’y amarrer le temps d’une visite. Cette balade qui longe la mer nous fait découvrir de beaux paysages et la campagne verdoyante de l’île où les moutons paissent tranquillement.

Une dépression passe au Nord de l’Ecosse amenant du vent fort et de la pluie, nous restons donc à l’abri. Un fort clapot nous secoue un peu, le port n’étant pas complètement fermé vers l’Ouest. Nous allons découvrir une autre curiosité de Port Ellen : la maison d’Helen. Elle y fabrique du vin à partir de diverses sources : rhubarbe, mûre, orge… Après une dégustation et avoir joué avec ses trois cockers nous repartons avec quelques bouteilles à faire goûter aux amis.