
Après deux jours assez agités la météo se calme enfin et le 13 juin nous pouvons quitter Port Ellen. Nous nous rendons à l’île voisine : Jura. Son nom n’a rien avoir avec notre montagne préférée, il viendrait d’un dialecte norois et signifierait l’île des cerfs « Deer Isle » (la prononciation n’est pas éloignée de Jura). En effet cette île sauvage et montagneuse compte 600 habitants pour 6000 cerfs. Après une belle navigation au portant où il ne manquait que le soleil, nous nous amarrons à un mouillage visiteur de la large baie de Craighouse au pied de la distillerie « Jura », principal employeur de l’île.
Ce qui fait l’attrait de Jura est sa nature sauvage. Les paysages de lande et de forêt sont magnifiques. Nous y restons une journée, vaincus par la pluie. Craighouse semble être une des plus grandes agglomérations de l’île si on peut appeler ainsi ces petites maisons alignées le long de la plage. La distillerie, un magasin « The Island shop Community », un pub associatif que nous n’avons pas réussi à trouver ouvert et un petit magasin de souvenirs sont les principaux centres de réunion du village. Nous poussons notre balade le long de la plage jusqu’au cimetière pour lequel une affiche fait de la publicité, il aurait eu un intérêt archéologique. La balade est belle malgré les averses ! Quand les nuages s’écartent, on peut apercevoir deux des trois sommets de l’île les « Paps » montagnes arrondies, caractéristiques.







Nous décidons de profiter un peu plus de cette belle île sauvage et en faisons le tour, empruntant le « Sound of Islay » qui sépare les deux îles. Nous pouvons découvrir les autres distilleries de Islay. Nous nous rendons au Loch Tarbert, recommandé dans les guides comme but de randonnée. L’entrée se fait en slalomant entre les cailloux, le chenal est bien repéré par des alignements de pierres peintes en blanc sur les berges. Des phoques gardent ce beau loch bien abrité. L’entrée est étroite une vingtaine de mètres de large, il faut viser bien au milieu et faire confiance à la carte ! Un phoque curieux vient faire le tour du bateau en s’approchant à une vingtaine de mètre. Un autre bateau nous rejoint dans la soirée au mouillage. Nous passons la nuit, coupés de tout, entourés de belles montagnes, d’îlots verdoyant ; enfin quand une éclaircie se profile on voit du vert, sinon c’est plutôt grisouille !







Nous nous faisons la réflexion que le climat gâche un peu la façon d’aborder l’Ecosse en bateau. On ne profite pas à fond de la beauté de paysage, étant obligés de se calfeutrer dans le bateau pour s’abriter du froid et de l’humidité. Pas d’apéro dans le cockpit ! Cela réduit aussi les chances d’échanger avec les voisins qui se calfeutrent aussi chez eux.
Le lendemain nous quittons ce loch sauvage pour une navigation par une journée très grise et pluvieuse. Nous parcourons 45 milles en longeant le Sud de l’île Mull et ses falaises d’où descendent de grandes cascades directement dans la mer. Dégoutés par la météo, nous abandonnons notre première idée d’un autre petit mouillage sauvage et rejoignons sous la pluie la Marina de Loch Aline sur le continent. Son entrée se situe dans le « Sound of Mull », passage qui sépare Mull du continent.
La journée suivante étant prévue très pluvieuse encore, nous décidons de faire une pause et d’en profiter pour faire un peu d’entretien. Il n’y a pas grand-chose non plus à Loch Aline, un terminal de ferry, un « Community Shop », un restaurant, une marina accueillante et une petite mine de silice avec son terminal de cargo qui transporte le matériau. Deux beaux bateaux de l’association OYT Scotland sont amarrés à la marina. Cette association caritative remet dans le droit chemin, par la pratique de la voile, des jeunes gens en déroute. Ils mettent un peu d’ambiance sur le ponton. Depuis que nous progressons plus au cœur de l’Ecosse, tout commence à avoir un prix, les douches jusqu’alors gratuites deviennent payantes 1£ voire 2 £, 50 pences pour quelques minutes de sèche-cheveux… A Loch Aline j’ai épuisé toutes mes livres à tenter de faire sécher du linge dans leur sécheuse et ai fini par transformer le bateau en bateau italien, à l’intérieur car dehors il pleut !






Le 18 juin il est annoncé maximum 20 nœuds de vent, nous quittons le loch pour continuer notre route. A peine franchi la passe, des rafales à 30 nœuds nous tombent dessus et un fort clapot s’est levé dans le « Sound of Mull ». Nous avons le vent dans le nez, la navigation risque de s’éterniser et d’être pénible ; nous décidons donc de renoncer et retournons nous abriter au mouillage au fond du loch. Le lendemain l’abri du loch nous trompe encore et même scénario, retour au mouillage ! Pourquoi s’infliger des moments pénibles alors que nous pouvons attendre tranquillement que ça se calme ! Nous avons renoncé à monter plus au Nord, la météo étant trop changeante et aléatoire et nous n’avons pas envie de faire du forcing au risque de casser quelque chose. Nous avons rendez-vous avec Christine le 25 à Oban, pour ensuite nous diriger vers le canal de Calédonie. Nous débarquons au fond du Loch Aline à un petit quai qui s’avèrera faire partie d’un domaine hôtelier dont la demeure principale est un beau château abrité au fond de la baie. Deux rivières, enjambées par de jolis ponts de pierre, se jettent dans le loch. Nous profitons d’un après-midi ensoleillé, ils ne sont pas si nombreux ! Une belle promenade champêtre à la rencontre des moutons et de la faune locale.








Le 20 juin nous quittons enfin le Loch Aline par une belle matinée ensoleillée, sans vent, et c’est quasiment complètement au moteur que nous rejoignons le Loch Drumbuie sous la péninsule d’Ardnamurchan. Un loch complètement fermé au pied des montagnes du même nom. Nous nous chauffons au soleil et déjeunons dehors, quel bonheur ! Mais cela ne dure pas ! En début d’après-midi un petit vent frais se lève et les nuages arrivent. Nous levons l’ancre et arrivons vers 15 heures dans la baie Tobermory au Nord de l’île de Mull où il ne tarde pas à se mettre à crachiner à la mode bretonne. L’île de Mull, qui a la réputation d’être particulièrement pluvieuse, ne faillit pas à sa réputation !


Nous passons une journée à Tobermory. Cette petite ville typique, aussi colorée que son ciel est gris, est très touristique et une sympathique animation règne sur le quai et dans les pubs. De nombreuses boutiques de souvenirs et d‘artisanat local sont installées sur les quais. Nous poussons un peu sur les hauteurs jusqu’à la boutique de poisson où nous achetons du saumon fumé local. Etrangement il n’est pas si facile que cela de trouver du poisson en dehors des classiques filets de saumon du supermarché. Le fond de la baie abrite le Parc Aros où nous découvrons multiples chutes d’eau, ruisseaux… L’eau de manque pas sur Mull, elle source de partout, le long de la côte coulent de nombreuses cascades.











Nous repartons vers le Sud à la découverte d’un nouveau loch. La navigation dans le « Sound of Mull » est tranquille quand le vent contre-courant ne s’y engouffre pas. Des ferrys n’arrêtent pas de faire la navette entre l’île et le continent. Il fait froid et humide ce 22 juin, nous arrivons transis au loch Spelve au Sud de Mull et comme nous avons fait un peu de moteur pour rentrer, l’eau est bien chaude. Un petit coup de chauffage dans le bateau, et nous profitons d’une bonne douche bien chaude pour nous réchauffer. Nous égayons un peu notre soirée avec un bon repas de coquilles Saint-Jacques achetées à Tobermory. On se console comme on peut de ce temps bien gris. Au fond du loch où nous apercevons de temps en temps un museau de phoque, une bande d’oies se promène en cancanant.



Après une nuit bien pluvieuse le ciel bleu apparaît enfin dans la matinée, et mieux, il se met à chauffer et nous pouvons profiter d’une bonne douceur dans le cockpit, quel bonheur ! Nous décidons de profiter de ce beau mouillage et passons une journée dehors au soleil. Nous tentons une promenade à pied mais il n’y a pas d’endroit où rejoindre un chemin quelconque. On débarque sur des plages caillouteuses entourées d’herbe spongieuse remplie de déjections indéterminées (les oies ?), et ceintes de bruyères infranchissables. Il y a bien un ponton mais il est privé, réservé à l’entreprise mytilicole. En effet les deux branches du Loch Spelve sont occupées par de nombreux champs d’élevage de moules. Nous renonçons donc à débarquer et nous occupons à divers bricolages et à profiter du soleil. J’aurais bien tenté une baignade mais les nombreuses méduses m’en dissuadent.



Nous allons maintenant nous diriger vers le Canal de Calédonie après une escale à Oban…






